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Morale et Education

Le 12/01/2011

Introduite dans le programme de l’instruction primaire par la loi du 28 mars 1882, la morale a provoqué, dès le début, la publication d’un nombre considérable de manuels destinés à fournir aux maîtres et aux élèves la matière de cet enseignement nouveau. Sous la IIIe République, la morale est omniprésente dans l’enseignement; dans la lecture et jusque dans l’arithmétique. La grammaire et la conjugaison donnèrent longtemps aux auteurs de manuels l’occasion de rappeler les préceptes moraux.

Après la seconde guerre mondiale, l’exemplarité dont la morale se réclame est difficile à maintenir. Une nouvelle époque commence où l’individualisme prime sur la solidarité. L’idéal du progrès technique devient un idéal de consommation qui replace la morale dans un rôle nouveau pour l’individu.

En effectuant des recherches, j'ai découvert un ouvrage intitulé « Manuel de Morale Pratique » datant du tout début du 20° siècle dont certains jeunes d'aujourd'hui et leurs parents feraient bien de s'inspirer. Sans tomber dans le « c'était mieux avant » ou du « Moi de mon temps », je voudrais quand même vous livrer quelques réflexions et quelques notions aujourd'hui bien loin ou oubliées.

Selon cet ouvrage, les devoirs des élèves envers les maîtres se réduisent à deux principes qui sont le respect et l'obéissance...

Les élèves sont tenus à l'égard de leur maître au même respect qu'envers leurs parents. En effet l'instituteur représente la famille dont il est le mandataire et, à ce titre, il est investi d'une autorité qui n'est autre que l'autorité paternelle elle-même. Une des principales formes du respect à l'école est l'obéissance. Elle exige de l'élève tout un ensemble de devoirs que l'on peut ramener à trois principaux soit l'assiduité, le travail et la discipline.

L'assiduité est la fréquentation quotidienne de la classe, à moins d'un empêchement légitime. C'est par un travail consciencieux de chaque jour que l'on s'instruit et, ce travail doit être fait avec soin et exactitude. L'enfant qui perd son temps à l'école sera responsable plus tard des fautes que son ignorance volontaire lui fera commettre. La discipline à l'école est absolument nécessaire et les élèves sont rigoureusement obligés de l'observer.

Qu'en est il aujourd'hui de ces préceptes pourtant très simples. S'il n'est pas facile d’être parents, Enfant-roi, hyperactivité, insolence parfois, sont des termes qui ont fait une entrée fracassante dans le lexique de l’éducation. Du côté des parents, on fustige l’excès d’autorité ou, à l’inverse, la mollesse permissive.

Il y a quelques années, il était reproché aux parents trop de rigueur voire de violence, aujourd'hui ils seraient dans l'ensemble trop laxistes. Aussi experts en tout genre viennent rappeler aux parents qu'il faut s'autoriser à dire non, ne pas avoir peur du conflit, que les interdits sont structurants pour l'enfant… Ce que bien souvent chacun d'entre nous sait mais ne met pas en pratique aussi facilement en particulier lorsque l'on se sent seul(e) dans cette charge.

Si l'autorité semble être de nouveau une valeur pour tous, elle n'en est pas moins difficile à mettre en œuvre, tant d'une part elle est discréditée et contestée dans toutes les institutions (État, école, famille, religion) et qu'elle est vite amalgamée avec ses dérives en termes de pouvoir, d'autoritarisme.

Le télescopage qui s’est produit avec les discours de mai 1968 en France pour l’éclatement des carcans traditionnels a résulté en une confusion des genres. Il ne s’agissait pas de ne rien interdire à l’enfant, au point d’être permissif mais l’autorité s’en est trouvée largement altérée. La hausse, ces dernières années, du nombre de familles monoparentales et recomposées, mais aussi l’impact du travail des femmes qui s’est généralisé entre autres, ont amené à une nouvelle forme d’autorité.

L’école est devenue un acteur central de l’éducation de l’enfant, non plus en ce qui concerne les compétences académiques mais aussi sur le plan de l’apprentissage de la sociabilité, des valeurs sociales et familiales, si bien que des parents se défaussent d’une partie de leurs prérogatives en les confiant à l’école ou, à tout le moins, en prenant pour acquise cette délégation ou ce complément de l’autorité.

Il devient nécessaire de redéfinir la relation parents- enfant-école. L’autorité familiale ne doit pas discuter en présence de l’enfant l’autorité du milieu scolaire. L’enfant doit évoluer avec des repères, et ces derniers, s’ils sont discutés ou contestés, favoriseront cette mise en cause de l'autorité dans toutes ses formes avec les conséquences désastreuses qui s'y rapportent. Le juste milieu n’est pas facile à trouver. L’école poursuit la structuration de l’enfant, mais pour que cela fonctionne bien, il faut que les parents sachent faire confiance, restent à leur place et ne mettent pas systématiquement sur un piédestal la parole de l’enfant.

Si tant est qu’on puisse parler d’une crise de l’autorité, il convient d’insister que l’application de limites est fondamentale. Tout expliquer à l’enfant n’est pas nécessaire, sauf ce qui le concerne directement et sans porter atteinte à d’autres figures de l’autorité extérieures à la famille.

L’évolution rapide de la société a eu un impact direct sur l’exercice de l’autorité et quoiqu’on dise, faire preuve d’autorité, n’est pas passéiste. Un enfant a besoin de cadres pour évoluer, apprendre et se construire et c'est sans doute ce qui manque cruellement aujourd'hui. Il ne faut pas oublier que les jeunes d'aujourd'hui seront les parents de demain, cette transmission du savoir et des règles simples de la vie en société est absolument nécessaire pour l'avenir de notre société.

L'esclavage dans le monde

Le 06/01/2011

L'histoire de l'esclavage devait être enseignée à l'école, volonté affichée par le président de la République. Il s'agissait bien entendu d'une louable initiative, puisque l’Histoire est la chose la moins enseignée, avec l’orthographe. Seulement, quel contenu pour cet enseignement qui ne devrait pas se limiter à l'histoire des négriers européens ou français, certes condamnable. Elle devrait également concerner toute l'histoire de l'esclavage au travers des siècles, sans passer sous silence une quelconque période même si aujourd'hui il n'est pas politiquement correct d'aborder certains sujets. Cette forme de repentance ne doit donc pas concerner seulement les pays Européens mais toutes les nations qui se sont livrées à cet asservissement de l'être humain, soumis à une tyrannie, à une autorité arbitraire.

L'esclavage est une pratique observée depuis les civilisations antiques. Celles de Mésopotamie, d'Inde et de Chine employaient des esclaves soit à des tâches domestiques, soit à de grands travaux de construction ou d'agriculture. Les Égyptiens utilisaient des foules d'esclaves pour construire leurs palais et monuments royaux.

Dans la Grèce antique, les esclaves étaient traités humainement, à quelques exceptions près. Lorsqu'ils étaient au service d'un particulier, il se développait souvent des rapports humains entre maîtres et esclaves.

L'esclavage romain, quant à lui, différait sous plusieurs aspects de celui de l'Antiquité grecque. Les maîtres romains avaient plus de droits sur leurs esclaves, notamment le droit légal de vie et de mort.

Au Moyen-âge, l'esclavage diminue sous la pression de l'Église. Après la chute de Rome, durant les invasions barbares répétées entre les Ve et Xe siècles, l'esclavage fut remplacé par le servage. Le sort des serfs était meilleur que celui des esclaves.

Mais c'est avec les besoins de main-d'œuvre pour les colonies que les grandes puissances européennes vont bientôt instaurer un système effrayant : la traite des Noirs.

Les navires négriers partaient de quatre ports français : Le Havre, La Rochelle, Bordeaux et Nantes. De 1715 à 1789, il y eut 1 427 expéditions négrières à partir de Nantes qui devint le premier port négrier.

Les esclaves étaient réunis dans des lieux servant d'entrepôts, tels que l'île de Gorée au Sénégal. Durant 4 siècles, les bateaux négriers venant d'Espagne, du Portugal, de France, du Danemark et de l'Angleterre s'y sont approvisionnés et ont vendu les esclaves survivants sur les côtes américaines. Le trajet durait de 3 à 6 semaines, au cours desquelles de nombreux individus succombaient à la maladie. Après 1807, le commerce des esclaves est devenu illégal et les conditions de voyage se sont encore détériorées, augmentant considérablement le taux de mortalité.

La vie des esclaves noirs dans les colonies françaises était réglée par le Code noir, rédigé au temps de Colbert en 1685 où les esclaves sont définis comme des " meubles " transmissibles et négociables.

En France, un premier décret abolit la traite des noirs et l'esclavage en 1794, mais huit ans plus tard en 1802, Napoléon Bonaparte abrogea cette mesure sitôt acquise la paix avec l'Angleterre. Les esclaves français se virent enfin octroyer la liberté, grâce à Victor Schoelcher, le 27 avril 1848.

Cependant l'histoire semble avoir oublié que les blancs furent aussi réduits en esclavage entre les années 1500 et 1800. Les grandes capitales esclavagistes de cette époque étaient Salé au Maroc, Tunis, Alger et Tripoli pour ne citer que les plus importantes.

Pour les Arabes, les souvenirs des Croisades et la fureur d'avoir été expulsés d'Espagne en 1492 semblent avoir motivé une campagne de rapt de chrétiens, ressemblant presque à un djihad. Pendant les XVIe et XVIIe siècles, plus d'esclaves furent emmenés vers le sud à travers la Méditerranée que vers l'ouest à travers l'Atlantique. Certains furent rendus à leurs familles contre une rançon, certains furent utilisés pour le travail forcé en Afrique du Nord, et les moins chanceux moururent à la tâche comme esclaves sur les galères.

Ce qui est le plus frappant concernant les raids esclavagistes barbaresques est leur ampleur et leur portée. Les pirates kidnappaient la plupart de leurs esclaves en interceptant des bateaux, mais ils organisaient aussi d'énormes assauts la en direction des côtes italiennes. Quand ils débarquaient sur le rivage, les corsaires musulmans ne manquaient pas de profaner les églises. Ils dérobaient souvent les cloches, non seulement parce que le métal avait de la valeur mais aussi pour réduire au silence la voix distinctive du christianisme.

Les femmes étaient plus faciles à attraper que les hommes, et les régions côtières pouvaient rapidement perdre toutes leurs femmes en âge d'avoir des enfants. Les pêcheurs avaient peur de sortir, ou ne prenaient la mer qu'en convois. C'est seulement vers 1700 que les Italiens purent empêcher les raids terrestres spectaculaires.

Les attaques terrestres pouvaient être très fructueuses, mais elles étaient plus risquées que les prises en mer. Les navires étaient par conséquent la principale source d'esclaves blancs. Les nobles et les riches marchands étaient des prises attractives, de même que les Juifs, qui pouvaient généralement rapporter une forte rançon de la part de leurs coreligionnaires. Les hauts dignitaires du clergé étaient aussi précieux parce que le Vatican payait habituellement n'importe quel prix pour les tirer des mains des infidèles.

Dès l'arrivée en Afrique du Nord, c'était la tradition de faire défiler les chrétiens récemment capturés dans les rues, pour que les gens puissent se moquer d'eux et que les enfants puissent les couvrir d'ordures. Au marché aux esclaves, les hommes étaient obligés de sautiller pour prouver qu'ils n'étaient pas boiteux, et les acheteurs voulaient souvent les faire mettre nus pour voir s'ils étaient en bonne santé. Cela permettait aussi d'évaluer la valeur sexuelle des hommes comme des femmes; les concubines blanches avaient une valeur élevée, et toutes les capitales esclavagistes avaient un réseau homosexuel florissant. Les acheteurs qui espéraient faire un profit rapide avec une forte rançon examinaient les lobes d'oreilles pour repérer des marques de piercing, ce qui était une indication de richesse. Il était aussi habituel de regarder les dents d'un captif pour voir s'il pourrait survivre à un dur régime d'esclave.

Le pacha ou souverain de la région recevait un certain pourcentage d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ceux-ci étaient presque toujours des hommes, et devenaient propriété du gouvernement. Il était habituel de raser la tête et la barbe des esclaves comme humiliation supplémentaire, dans une période où la tête et la pilosité faciale étaient une part importante de l'identité masculine.

Il n'y avait aucun obstacle à la cruauté, les esclaves n'étaient pas seulement des marchandises, ils étaient des infidèles, et méritaient toutes les souffrances qu'un maître leur infligeait. La punition favorite était la bastonnade, par lequel un homme était mis sur le dos et ses chevilles attachées et suspendu par la taille pour être battu longuement sur la plante des pieds. La violence systématique transformait beaucoup d'hommes en automates. Les esclaves chrétiens étaient si abondants et si bon marché qu'il n'y avait aucun intérêt à s'en occuper; beaucoup de propriétaires les faisaient travailler jusqu'à la mort et achetaient des remplaçants.

Une manière d'alléger le poids de l'esclavage était de se convertir à l'islam. Cela exemptait un homme du service dans les galères, des ouvrages pénibles, et de quelques autres brimades indignes d'un fils du Prophète, mais ne le faisait pas sortir de la condition d'esclave. Les chrétiens pensaient que la conversion mettrait leur âme en danger, et elle signifiait aussi le déplaisant rituel de la circoncision adulte.

Pour les esclaves, l'évasion était impossible. Ils étaient trop loin de chez eux, étaient souvent enchaînés, et pouvaient être immédiatement identifiés par leurs traits européens. Le seul espoir était la rançon.

Si les Européens nourrissaient des griefs concernant les esclaves des galères de la même manière que les Noirs font pour les travailleurs des champs, la politique européenne serait certainement différente. Aucune forme d'esclavage n'est excusable, mais le rappel de certaines réalités du passé peuvent permettre de relativiser certains comportements qui ne doivent pas aller dans un seul sens. Les regrets peuvent être pris à l'excès, mais ceux qui oublient paient aussi un prix élevé.

La Souveraineté Nationale

Le 29/12/2010

 

La Souveraineté nationale est le principe selon lequel la souveraineté appartient au peuple tout entier qui forme la nation. Le terme de nation est généralement défini comme une communauté humaine installée sur un même territoire, possédant une unité historique, linguistique, culturelle et économique. Généralement la souveraineté nationale se traduit par un régime de démocratie représentative.

 On prête à Louis XIV cette parole « l'État c'est moi ». De nos jours le peuple français pourrait en dire autant de lui même car l'autorité souveraine de la France est l'autorité du peuple entier. Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune partie du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.

La séparation des pouvoirs est un principe de répartition des différentes fonctions de l'État, qui sont confiées à différentes composantes de ce dernier. On retient le plus souvent la classification de Montesquieu, qui inspirera la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 :

  • Le pouvoir législatif c'est le pouvoir de faire des lois, confié à un parlement, à savoir, l'Assemblée Nationale et le Sénat ;

  • Le pouvoir exécutif c'est le pouvoir de faire exécuter les lois confié au Président de la République et au gouvernement composé d'un Premier ministre et des ministres;

  • le pouvoir judiciaire c'est le pouvoir de juger, confié aux magistrats qui siègent dans les tribunaux.

L'État républicain a pour devise trois mots gravés sur nos monuments public « Liberté, Égalité Fraternité » Tous les citoyens, riches ou pauvres nobles ou roturiers ont la libre disposition de leur personne, de leur consciences, de leur travail, de leur propriété. De plus ils sont égaux devant la loi mêmes devoirs, mêmes droits pour tous. Tous les anciens privilèges et droits féodaux sont abolis le 4 août 1789 par l'assemblée nationale constituante. Cette proposition a probablement germé lors d'une réunion du « Club Breton », petit groupe de députés qui avaient pris l'habitude de discuter entre eux, le 3 août 1789.

Malheureusement la réalité se charge de nous apprendre qu'aucune forme de gouvernement n'a pu réaliser intégralement cette liberté, cette égalité cette fraternité. Malgré les progrès accomplis dans ce sens il reste encore beaucoup,à faire.

La souveraineté nationale est aujourd’hui ébranlée de l’intérieur et de l’extérieur par une forme de crise de la démocratie représentative dont les manifestations sont nombreuse:

  • abstentions massives aux élections révélant un affaiblissement du lien entre la volonté populaire exprimée par le vote et l’exercice de la souveraineté.

  • perte d’influence des partis de gouvernement au profit de d’organisations représentant des intérêts plus catégoriels ou exprimant des messages essentiellement protestataires ;

  • accroissement de l’écart entre les citoyens et une classe politique accaparée par le cumul excessif des mandats, au détriment du travail législatif et du contrôle de l’activité de l’exécutif.

La mondialisation des échanges, le développement des réseaux de communication ignorant les frontières contribuent à déstabiliser la notion de souveraineté nationale. L’État se trouve confronté à de sérieux risques de remise en cause de son autonomie en matière de politique commerciale, monétaire, voire dans la définition de ses priorités en matière fiscale, sociale. A cet égard c'est le mouvement de construction communautaire qui ébranle le plus fortement la notion de souveraineté. Le droit communautaire prend une place de plus en plus importante au détriment des États adhérents. La confrontation est inévitable, liée en grande partie à une « inflation » du droit communautaire au détriment du Parlement national. Enfin, la création d’une citoyenneté européenne représente une rupture dans la tradition française qui lie souveraineté nationale et qualité de citoyen.

 La construction communautaire a conduit à élargir les compétences de l’Union européenne par un grignotage lent mais continu des domaines réservés à la souveraineté nationale. Il s'agit d'une évolution majeure de la notion de Souveraineté nationale voulue par les constituants de 1789. Le désintérêt actuel de la vie politique n'est pas un signe de volonté de participer aux destinées du pays.

Liliane...Françoise et les autres...

Le 09/12/2010

Depuis plusieurs mois les journaux télévisés, mais également la presse écrite se passionnent sur les tribulations de la famille BETTENCOURT, l'une des plus grande fortune de France. Outre l'aspect familial de ce conflit opposant la mère et la fille, le monde politique est également en émoi en raison de la diffusion d'enregistrements de conversations suggérant des interventions de l'entourage du président de la République en faveur de Liliane Bettencourt dans le conflit qui l'oppose à sa fille, ainsi que des dons à des candidats du parti présidentiel, mais également aux autres partis politiques.

 Durant les débats portant sur la réforme des retraites, les médias comme les politiques se sont donnés à cœur joie, révélations, mises en cause personnelle du ministre du travail dont la "double casquette" de ministre du Budget de l'époque, et de trésorier de l'UMP", constituait un mélange des genres inacceptable. Ce grand déballage a contribué en quelque sorte à polluer le débat quand même mené à son terme dans la douleur avec un ministre fragilisé, soutenu à la fois par le président de la République et par le chef du gouvernement.

 Je ne me risquerai pas de commenter cette affaire, une enquête étant en cours et son dépaysement récent dans une autre cour d'appel doit apporter une nouvelle sérénité dans les investigations à réaliser. Le remaniement ministériel a sonné le glas de l'appartenance au gouvernement du ministre concerné ce qui semble au stade actuel de ce dossier une sage décision, même si la présomption d'innocence doit effectivement être pleinement appliquée. Actuellement l'ex-ministre n'est pas judiciairement mis en cause. .

 Outre l'aspect politique de cette affaire, l'aspect du contexte familial, avec un conflit violent opposant la mère et la fille est l'élément originel de ce dossier. En effet, cette famille s'est déchirée durant plusieurs années, probablement en raison des intérêts en jeu et de l'entourage plutôt sulfureux gravitant autour de Liliane Bettencourt. Sa fille soutient en effet que l'entourage de sa mère profite de son état de faiblesse psychologique pour la spolier. Selon elle, sa mère souffre d'une maladie qui affecterait par intermittence son état de conscience. Les relations avec ce photographe, accusé de l'avoir spolié, un temps devenu légataire universel et bénéficiant des largesses de Liliane Bettencourt sont à l'origine de plusieurs plaintes pour abus de faiblesse déposées par sa fille. Ses deux premières demandes de mise sous tutelle ont été déclarées irrecevables au motif qu'il n'était pas présenté de certificat médical attestant de l'état psychologique éventuellement problématique de Liliane Bettencourt.

 Ce dallas des temps modernes qui voyait deux clans familiaux s'entre déchirer a connu ces jours derniers un nouveau rebondissement de taille avec la réconciliation annoncée de la mère et de la fille, mettant ainsi un terme à ce feuilleton familial. La décision récente du juge des tutelles, saisi par la fille de Madame Bettencourt, estimant recevable cette demande avec obligation d'une expertise médicale" ne semble pas étrangère à ce nouveau rebondissement.

La "réconciliation" subite et inattendue,  va mettre un terme à bon nombre des procédures lancées dans cette affaire, chacune abandonnant les poursuites judiciaires, y compris l'abus de faiblesse reproché au photographe, le gestionnaire de fortune et un avocat fiscaliste.

Finalement, le seul dossier susceptible d'évoluer concerne l'ancien ministre du travail, nouveau symbole des relations ambiguës entre le pouvoir politique quel qu'il soit et le monde de l'argent.

Lorsque les affaires se mêlent à la politique, cela se traduit fatalement par des scandales, des alliances fragiles bâties sur des intérêts faussement convergents qui ne durent, en règle générale, que très peu de temps. Le politique a besoin des soutiens financiers du pouvoir économique pour conquérir le pouvoir, les hommes d’affaires et les grosses fortunes ont besoin d’appuis solides dans les cercles du pouvoir pour préserver leurs intérêts et faire fructifier encore davantage leurs affaires.

 Les relations que l'on pourrait qualifier d'incestueuses entre argent et politique n’ont jamais totalement disparu, et l'histoire contemporaine est là pour le rappeler, parfois de manière très cruelle.

Si vous êtes politicien, restez dans la politique et soyez un bon politicien, battez-vous pour votre pays et pour le niveau de vie des autres. Le chantier est suffisamment important pour y mobiliser toutes les énergies. En revanche, si vous êtes un homme d'affaires, soyez en un qui réussit en ayant le souci d'en faire profiter les salariés et non les actionnaires dont le seul but est toujours plus de profit et de dividendes.

Les scandales successifs qui touchent le monde politique soupçonné d'être inféodé au pouvoir de l'argent sont autant de coups portés à la démocratie avec des risques d'explosion sociale et d'implosion de notre système de gouvernance.

09 novembre 1970 (1)

Le 11/11/2010

"La France est veuve". Le 10 novembre 1970 (1), Georges POMPIDOU, président de la République annonce par cette phrase choc la mort du Général De Gaulle survenue la veille à COLOMBEY LES DEUX EGLISES.

Le souvenir de cet homme, symbole de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, « homme de la situation » pendant la Guerre d’Algérie et acteur principal de la construction de la Cinquième République, reste présent dans notre mémoire collective, même si parfois les nouvelles générations éprouvent quelques difficultés pour le situer.

Le général de Gaulle incarna la France pendant de nombreuses années. Passionné par le passé de son pays, il répondit présent, endossant le rôle du personnage qui ne subit pas l’Histoire mais la construit.

Je ne me risquerai certainement pas tenter de retracer l'histoire de ce chef dans toute la plénitude du terme car d'autres l'ont très bien fait avant moi et les ouvrages ne manquent pas. Aujourd'hui j'aborderai de manière succincte le rôle politique joué par le Général De Gaulle dans l'avènement de la cinquième République, institutions encore actuelles, mais pour combien de temps.

Héros de la seconde guerre mondiale, refusant la défaite de la France. Il devient très rapidement le symbole de la « France Libre », sujet que j'ai déjà abordé dans un précédent article « Commémoration Devoir de mémoire ».

On peut situer le début de la carrière politique de De Gaulle en 1925, année où il est détaché, ironie de l'histoire, à l'état-major du Maréchal Pétain, alors vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. En 1931 il est affecté au Secrétariat général de la Défense nationale à Paris, poste qui lui donne l'occasion de s'initier aux affaires de l'État.

Dès le début de la guerre le Colonel De Gaulle s'illustre à la tête de son régiment de chars de combat, et inflige de nombreuse pertes à l'ennemi, retardant son avancée vers Paris.

Le 6 juin 1940, alors qu'il vient d'être promu Général à titre temporaire, il est appelé par Paul Raynaud, président du Conseil, pour occuper un poste ministériel, sous secrétaire d'état à la guerre et à la Défense nationale.

Cette fonction ministérielle lui donnera alors une certaine légitimité devant très le symbole de la France Libre malgré l'hostilité des Américains et les rappels à l'ordre des autorités françaises.

À la Libération, de Gaulle devient chef du Gouvernement Provisoire de la République Française, poste qu'il occupe jusqu'en 1946 avec l'aide de toutes les forces politiques issues de la résistance. Au cours de cette période, il accorde le droit de vote aux femmes qui exercent pour la première fois ce droit à l'occasion des élections municipales de 1945. En désaccord avec l'Assemblée constituante sur la conception de l'État et le rôle des partis, de Gaulle remet sa démission le 20 janvier 1946 estimant avoir rempli la mission qu'il s'était donnée le 18 juin 1940 : libérer le territoire, restaurer la République, organiser des élections libres et démocratiques, entreprendre la modernisation économique et sociale.

Le discours de BAYEUX prononcé le 16 juin 1946 pose déjà les bases d'une nouvelle constitution et de la future 5° république.

Après une traversée du désert de 12 ans, il est rappelé en 1958 par le président René Coty qui doit faire face à l'instabilité ministérielle et à l'impuissance de la IVe République face à la question algérienne. Le général de Gaulle devient ainsi le dernier président du Conseil de la IVe République. Les députés lui accordent la possibilité de gouverner par ordonnance pour une durée de six mois, et l'autorisent à mener à bien la réforme constitutionnelle du pays. La nouvelle Constitution, élaborée au cours de l'été 1958, est très proche des propositions avancées à Bayeux, avec un exécutif fort.

Le général De Gaulle devient le premier président de la République de la 5° République le 8 janvier 1959, succédant ainsi à René Coty. Cette constitution qui évoluera au fil du temps ne suscitera pas l'unanimité et François Mitterrand, farouche opposant au général de Gaulle, publie un ouvrage intitulé « Le Coup d'État Permanent ». Dans cet ouvrage, Mitterrand dénonce la pratique du pouvoir personnel par le général de Gaulle auquel il reproche d'avoir trahi la promesse de 1958 selon laquelle le président est un arbitre.

François Mitterrand est élu président de la République le 10 mai 1981, devenant de fait le garant des institutions qu'il avait tant combattues, jugeant inutile de «continuer de promener une polémique qui appartient à l'histoire ».

La Ve République a atteint un objectif majeur, celui de mettre en place un cadre favorisant la stabilité politique et institutionnelle. La pratique présidentielle depuis 1958 a conduit indéniablement à une bipolarisation des pouvoirs. En effet le président et le parlement ont tous deux la même légitimité, ce qui rend le président chef incontestable de l'exécutif. De plus, le président a nécessairement un droit de regard sur les activités de son premier ministre et des différents ministères quand il y a concordance de majorité,

En période de cohabitation, c'est le premier ministre qui a la possibilité de gouverner intégralement s'il le veut d'autant qu'il bénéficie du soutien de L'Assemblée et le président ne peut que se soumettre quand le jeu parlementaire en a décidé ainsi. C'est donc le premier ministre qui va réellement déterminer la politique de la nation. Seulement responsable devant le Parlement, il a seul l'initiative des lois et la cohabitation exacerbe ce pouvoir puisque les orientations politiques des deux têtes de l'exécutif sont opposées. De plus, même si le Président garde un pouvoir réglementaire, celui est réduit. Le Premier ministre peut faire pression sur la majorité parlementaire pour qu'elle réduise pratiquement à néant toute intervention présidentielle.

Répondant à l’appel de l’Histoire lors de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle rejoint en quelques années le statut de personnage historique. Si sa méfiance vis-à-vis des partis lui fait quitter la politique en 1953, la gloire dont il jouit auprès des français lui permis d’endosser à nouveau le rôle de sauveur en 1958. Sa conception de l’économie et de la gouvernance inspirera longtemps la droite gaulliste sous la Cinquième République.

(1) et non en 1969 comme je l'avais indiqué par erreur !!!

EXTRAIT DU DISCOURS DE BAYEUX DU 16 JUIN 1946

« « « ...Cependant, la nation et l'Union française attendent encore une Constitution qui soit faite pour elles et qu'elles aient pu joyeusement approuver. À vrai dire, si l'on peut regretter que l'édifice reste à construire, chacun convient certainement qu'une réussite quelque peu différée vaut mieux qu'un achèvement rapide mais fâcheux.

Au cours d'une période de temps qui ne dépasse pas deux fois la vie d'un homme, la France fut envahie sept fois et a pratiqué treize régimes, car tout se tient dans les malheurs d'un peuple. Tant de secousses ont accumulé dans notre vie publique des poisons dont s'intoxique notre vieille propension gauloise aux divisions et aux querelles. Les épreuves inouïes que nous venons de traverser n'ont fait, naturellement, qu'aggraver cet état de choses. La situation actuelle du monde où, derrière des idéologies opposées, se confrontent des Puissances entre lesquelles nous sommes placés, ne laisse pas d'introduire dans nos luttes politiques un facteur de trouble passionné. Bref, la rivalité des partis revêt chez nous un caractère fondamental, qui met toujours tout en question et sous lequel s'estompent trop souvent les intérêts supérieurs du pays. Il y a là un fait patent, qui tient au tempérament national, aux péripéties de l'Histoire et aux ébranlements du présent, mais dont il est indispensable à l'avenir du pays et de la démocratie que nos institutions tiennent compte et se gardent, afin de préserver le crédit des lois, la cohésion des gouvernements, l'efficience des administrations, le prestige et l'autorité de l'État.

C'est qu'en effet, le trouble dans l'État a pour conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à l'égard des institutions. Il suffit alors d'une occasion pour faire apparaître la menace de la dictature. D'autant plus que l'organisation en quelque sorte mécanique de la société moderne rend chaque jour plus nécessaires et plus désirés le bon ordre dans la direction et le fonctionnement régulier des rouages. Comment et pourquoi donc ont fini chez nous la Ire , la IIe , la IIIe Républiques ? Comment et pourquoi donc la démocratie italienne, la République allemande de Weimar, la République espagnole, firent-elles place aux régimes que l'on sait ? Et pourtant, qu'est la dictature, sinon une grande aventure ? Sans doute, ses débuts semblent avantageux. Au milieu de l'enthousiasme des uns et de la résignation des autres, dans la rigueur de l'ordre qu'elle impose, à la faveur d'un décor éclatant et d'une propagande à sens unique, elle prend d'abord un tour de dynamisme qui fait contraste avec l'anarchie qui l'avait précédée. Mais c'est le destin de la dictature d'exagérer ses entreprises. À mesure que se fait jour parmi les citoyens l'impatience des contraintes et la nostalgie de la liberté, il lui faut à tout prix leur offrir en compensation des réussites sans cesse plus étendues. La nation devient une machine à laquelle le maître imprime une accélération effrénée.

Qu'il s'agisse de desseins intérieurs ou extérieurs, les buts, les risques, les efforts, dépassent peu à peu toute mesure. À chaque pas se dressent, au-dehors et au-dedans, des obstacles multipliés. À la fin, le ressort se brise. L'édifice grandiose s'écroule dans le malheur et dans le sang. La nation se retrouve rompue, plus bas qu'elle n'était avant que l'aventure commençât.

Il suffit d'évoquer cela pour comprendre à quel point il est nécessaire que nos institutions démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes, les effets de notre perpétuelle effervescence politique. Il y a là, au surplus, pour nous une question de vie ou de mort, dans le monde et au siècle où nous sommes, où la position, l'indépendance et jusqu'à l'existence de notre pays et de notre Union Française se trouvent bel et bien en jeu. Certes, il est de l'essence même de la démocratie que les opinions s'expriment et qu'elles s'efforcent, par le suffrage, d'orienter suivant leurs conceptions l'action publique et la législation. Mais aussi tous les principes et toutes les expériences exigent que les pouvoirs publics : législatif, exécutif, judiciaire, soient nettement séparés et fortement équilibrés et, qu'au-dessus des contingences politiques, soit établi un arbitrage national qui fasse valoir la continuité au milieu des combinaisons.

Il est clair et il est entendu que le vote définitif des lois et des budgets revient à une Assemblée élue au suffrage universel et direct. Mais le premier mouvement d'une telle Assemblée ne comporte pas nécessairement une clairvoyance et une sérénité entières. Il faut donc attribuer à une deuxième Assemblée, élue et composée d'une autre manière, la fonction d'examiner publiquement ce que la première a pris en considération, de formuler des amendements, de proposer des projets. Or, si les grands courants de politique générale sont naturellement reproduits dans le sein de la Chambre des Députés, la vie locale, elle aussi, a ses tendances et ses droits. Elle les a dans la Métropole. Elle les a, au premier chef, dans les territoires d'outre-mer, qui se rattachent à l'Union Française par des liens très divers. Elle les a dans cette Sarre à qui la nature des choses, découverte par notre victoire, désigne une fois de plus sa place auprès de nous, les fils des Francs. L'avenir des 110 millions d'hommes et de femmes qui vivent sous notre drapeau est dans une organisation de forme fédérative, que le temps précisera peu à peu, mais dont notre Constitution nouvelle doit marquer le début et ménager le développement.

Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre dont, pour l'essentiel, nos Conseils généraux et municipaux éliront les membres. Cette Chambre complétera la première en l'amenant, s'il y a lieu, soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d'autres, et en faisant valoir dans la confection des lois ce facteur d'ordre administratif qu'un collège purement politique a forcément tendance à négliger. Il sera normal d'y introduire, d'autre part, des représentants, des organisations économiques, familiales, intellectuelles, pour que se fasse entendre, au-dedans même de l'État, la voix des grandes activités du pays. Réunis aux élus des assemblée locales des territoires d'outre-mer, les membres de cette Assemblée formeront le grand Conseil de l'Union française, qualifié pour délibérer des lois et des problèmes intéressant l'Union, budgets, relations extérieures, rapports intérieurs, défense nationale, économie, communications.

Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, il va de soi que le pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de délégations. Sans doute aura-t-il fallu, pendant la période transitoire où nous sommes, faire élire par l'Assemblée nationale constituante le président du Gouvernement provisoire, puisque, sur la table rase, il n'y avait aucun autre procédé acceptable de désignation. Mais il ne peut y avoir là qu'une disposition du moment. En vérité, l'unité, la cohésion, la discipline intérieure du Gouvernement de la France doivent être des choses sacrées, sous peine de voir rapidement la direction même du pays impuissante et disqualifiée. Or, comment cette unité, cette cohésion, cette discipline, seraient-elles maintenues à la longue si le pouvoir exécutif émanait de l'autre pouvoir auquel il doit faire équilibre, et si chacun des membres du Gouvernement, lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n'était, à son poste, que le mandataire d'un parti ?

C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis, élu par un collège qui englobe le Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le président de l'Union française en même temps que celui de la République, que doit procéder le pouvoir exécutif. Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général quant au choix des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement.

À lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la politique et le travail du Gouvernement. Au chef de l'État la fonction de promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que ceux-ci et celles-là engagent les citoyens. À lui la tâche de présider les Conseils du Gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se passe pas. À lui l'attribution de servir d'arbitre au-dessus des contingences politiques, soit normalement par le conseil, soit, dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître par des élections sa décision souveraine. À lui, s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le devoir d'être le garant de l'indépendance nationale et des traités conclus par la France.

Des Grecs, jadis, demandaient au sage Solon : « Quelle est la meilleure Constitution ? » Il répondait : « Dites-moi, d'abord, pour quel peuple et à quelle époque ? » Aujourd'hui, c'est du peuple français et des peuples de l'Union française qu'il s'agit, et à une époque bien dure et bien dangereuse ! Prenons-nous tels que nous sommes. Prenons le siècle comme il est. Nous avons à mener à bien, malgré d'immenses difficultés, une rénovation profonde qui conduise chaque homme et chaque femme de chez nous à plus d'aisance, de sécurité, de joie, et qui nous fasse plus nombreux, plus puissants, plus fraternels.

Nous avons à conserver la liberté sauvée avec tant et tant de peine. Nous avons à assurer le destin de la France au milieu de tous les obstacles qui se dressent sur sa route et sur celle de la paix. Nous avons à déployer, parmi nos frères les hommes, ce dont nous sommes capables, pour aider notre pauvre et vieille mère, la Terre. Soyons assez lucides et assez forts pour nous donner et pour observer des règles de vie nationale qui tendent à nous rassembler quand, sans relâche, nous sommes portés à nous diviser contre nous-mêmes ! Toute notre Histoire, c'est l'alternance des immenses douleurs d'un peuple dispersé et des fécondes grandeurs d'une nation libre groupée sous l'égide d'un État fort... » » »

Les retraites - Instrumentalisation d'un mouvement

Le 19/10/2010

Depuis plusieurs semaines, les mouvements sociaux se succèdent pour protester contre le projet de loi portant sur la réforme des retraites. Les syndicats sont dans leur rôle de protestation, même si tout le monde s'accorde à dire qu'une réforme est nécessaire. Il s'agit plutôt de remettre en cause la méthode et de contester l'allongement de la durée de cotisation.

 Si jusqu'à ces derniers jours le mouvement protestataire se limitait à organiser des manifestations importantes avec quelques grèves ponctuelles touchant essentiellement certaines entreprises publiques (SNCF, RATP ...), le conflit semble prendre une autre tournure avec une montée en puissance dont l'objectif annoncé est la paralysie de l'économie du pays.

 Je me garderai de juger le mouvement, je ne dispose pas des éléments nécessaires pour donner un avis en toute impartialité sur la réforme en cours, qu'il s'agisse des modalités, du financement, des critères de pénibilité etc.

 Comme tout le monde, je lis, j'écoute les informations et les prises de position des politiques de gauche ou de droite. Ce que je constate, c'est que tout le monde est d'accord sur la nécessité de réformer le système des retraites, mais pas sur la méthode. Les vieux clivages « faire payer les riches » est plus que jamais d'actualité. Si effectivement il paraît normal que les « riches » payent plus, il me semble également normal que tout un chacun participe à la sauvegarde du système par répartition avec bien entendu des aménagements nécessaires.

 L'abaissement de l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans a été décidée par ordonnance du gouvernement MAUROY en 1982, entrée en vigueur le 1er avril 1983. Déjà à cette époque, des voix se sont élevées pour s'inquiéter des conditions de mise en œuvre de cette réforme. Loin d'être accueillie comme la "grande avancée sociale" promise, l'ordonnance sur la retraite à 60 ans semait une forme de panique chez beaucoup de ceux qui devaient en être les premiers bénéficiaires. Le projet était souvent considéré par les intéressés comme une menace sur leur portefeuille.

Les syndicats, même s'ils l'avaient réclamée dans les années 1970 se méfiaient, certains n'hésitant pas à mêler leurs critiques à celles du patronat. Les analystes écrivaient en 1982 que « « « Les régimes de retraite traverseront une première zone de turbulences à partir de 1985 avec l'arrivée à l'âge de la retraite... des bébés nés dans les "années folles. Mais c'est seulement vers 2010 qu'apparaîtront les véritables difficultés.. » » »

Nous y voici donc.

 On peut penser que la crise actuelle entraîne inévitablement une nouvelle détérioration du rapport actifs-retraités. En effet, le système français de retraite par répartition, les travailleurs en activité paient les pensions de leurs aînés, est confronté à des déficits qui menacent sa pérennité. Cette situation résulte principalement du vieillissement démographique. Il y a aujourd’hui plus de retraités, et qui vivent plus longtemps : 1,8 cotisant pour 1 retraité en 2006 contre 1,5 en 2020. Entre 1982 (date de l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans) et aujourd’hui, l’espérance de vie a progressé de 6,3 ans en France. Elle a augmenté de 15 ans depuis 1950. Elle devrait continuer de progresser au cours des années à venir.

 Que penser alors quand une responsable politique, interrogée le 12 octobre 2010 par un média national tient les propos suivants parlant des jeunes : « « «  Les jeunes sont responsables et savent pourquoi ils descendent dans la rue. Je leur demande d'ailleurs de descendre dans la rue, mais de façon très pacifique » » », poursuivait-elle, avant de préciser, quelques instants plus tard, alors que la journaliste lui demandait explicitement si elle appelait les jeunes à manifester : « « « C'est à eux d'en décider. J'ai dit que s'ils redescendaient dans la rue, il fallait qu'ils le fassent très calmement, parce que le pouvoir, sinon, va exploiter le moindre incident pour discréditer ce mouvement. » » » .

Que penser aujourd'hui de ces jeunes lycéens qui descendent dans la rue pour manifester contre la réforme des retraites alors qu'ils ont encore leur avenir à construire. Je ne pense pas qu'ils aient leur place dans ce mouvement social, si ce n'est pour grossir les rangs des manifestants. La pauvreté des commentaires de certains « interviewés », ravis de se montrer à la télévision et surtout de sécher les cours, se suffit à elle-même. Certains sont incapables d'expliquer les raisons pour lesquelles ils participent à ce mouvement!!!

L'Union Nationale Lycéenne, la Voix Lycéenne, justifie le mouvement de la manière suivante :

« « « Cette réforme les mettra encore plus en situation de précarité, en renforçant le chômage des jeunes.

Nous ne voulons pas que, dans l’unique volonté de satisfaire les agences de notation mondiales, le gouvernement nous impose de travailler de trente à soixante-sept ans, avec des périodes de chômage et dans des conditions chaque jour un peu plus difficiles.

Face au problème de financement du système de retraite par répartition, les lycéens demandent au gouvernement de repenser entièrement sa réforme :

  • en assurant à tous une retraite à soixante ans à taux plein.

  • en mettant en œuvre une politique d’emploi massive, notamment
    d’emploi publique.

  • en prenant en compte dans calcule des annuités les périodes de
    formation, de stage, d’innactivité  
    (inactivité aurait été préférable) forcée et de chômage. » » »

Si j'en crois ce mot d'ordre, avant 30 ans, que fait on ??? De 30 ans à 67 ans c'est donc 37 années de cotisation donc moins qu'actuellement. Ceux qui ont commencé à travailler à l'âge de 16 ans avec une retraite à 60 ans c'est donc 44 ans de cotisation si je compte bien!!! Que dire de ceux qui ont travaillé pendant tout ce temps dans des métiers difficiles du bâtiment et autres emplois où les conséquences physiques sont très souvent irréversibles??

Je poserais seulement une question : Si la réforme n'aboutit pas, sont ils prêts à une augmentation importante des cotisations pour maintenir la pérennité du système par répartition ou la réforme en cours, même peut être contestable, n'est elle pas destinée à préparer l'avenir et à ne pas leur faire payer la dette déjà abyssale ???

Plutôt que d'opposer deux générations il serait sans doute nécessaire de consentir un effort de pédagogie. Même si les lycéens sont inquiets pour leur avenir, ils doivent se focaliser sur leurs études et ainsi mettre tous les atouts de leur côté. A mon sens ils n'ont rien à faire dans ce conflit qu'ils dénaturent et ceux et celles qui les ont encouragés à descendre dans la rue ont fait la preuve d'une grande inconséquence et d'une très grande irresponsabilité. Ce qui est à craindre aujourd'hui, c'est un changement de nature du conflit qui dégénère avec son cortège de dégradations. Les affrontements entre les forces de l'ordre et quelques casseurs, qui profitent ainsi de l'aubaine pour commettre des exactions graves, démontrent ce changement de nature.

Cette situation est très préjudiciable y compris pour les lycéens qui sont instrumentalisés par quelques nostalgiques extrémistes. Les politiques de toute tendance, les organisations syndicales devraient prendre leurs responsabilités en condamnant ces comportements et en appelant les jeunes à retourner en classe où ils ont certainement mieux à faire quand on connaît aujourd'hui la pauvreté de leur niveau de formation.

Des cours de rattrapage en orthographe dans les universités!

Le 08/10/2010

"""Alarmées par le très faible niveau en orthographe de certains de leurs étudiants, 19 universités (sur 84) lancent des programmes de remise à niveau.
"Si encore ce n’était qu’un problème d’orthographe ! Mais cela va bien au-delà : les mots sont employés de travers et les phrases construites sans queue ni tête, un bêtisier permanent !"""

Cette information diffusée dans la presse nationale est un constat édifiant sur l'état de l'éducation et mérite réflexion. Un élève de 6e est très souvent incapable de distinguer les différents éléments d’une phrase. Sans importance, martèleront certains idéologues, qui au passage, auront parfois été les premiers à mettre leurs enfants à l’abri du cataclysme. Les difficultés scolaires ne sont parfois qu’une conséquence logique d’une évolution sociale pas toujours glorieuse, mais commencent très souvent par une pauvreté culturelle habilement véhiculée par certains médias.

Lire est une capacité qui s’apprend à l’école. Les méthodes de lecture se sont enchaînées et malheureusement les enfants sont les premières victimes de ces changements réguliers.

C’est parfois aujourd’hui un chemin de croix que de faire répéter sans aucune erreur une phrase à un élève y compris de collège. Ce constat est pour le moins inquiétant et pourrait même inspirer une certaine pitié. Cette spirale ne s’arrête malheureusement pas au primaire, mais se répercute tout au long de la scolarité. Elle devient même un réel handicap lorsque l’élève passe un concours dans lequel il devra rédiger une composition écrite.

Un élève n'est pas à l'école pour son plaisir. Le rôle des parents est de soutenir les enseignants dans la difficile tâche de transmettre ou d'imposer le savoir absolument nécessaire pour réussir leur entrée dans la vie active. Trop souvent on observe l'inverse, avec des parents qui n'acceptent pas que leurs enfants ne puissent être punis ou seulement faire l'objet de remarques de la part du professeur.

Les études menées au cours de ces denières années sont concordantes faisant apparaître que le niveau général des élèves en fin d'école primaire entre 1987 et 2007 est en "chute libre", en particulier en orthographe.

A l'époque de Jules Ferry, on avait fixé pour objectif que chaque jeune Français apprenne à lire, écrire et compter. Depuis les années soixantes,les nouveaux objectifs assignés à l'école sont des objectifs de démocratisation et d'adaptation aux évolutions sociales et socioprofessionnelles nécessitant de plus hauts niveaux de qualification : dès les années soixantes la scolarité obligatoire est prolongée à 16 ans. Vingt cinq ans plus tard, on accroît l'accès au lycée et à la poursuite des études au niveau des baccalauréats (objectifs de 80% d'une classe d'âge à ce niveau), mais aussi l'accès aux enseignements supérieurs

Malheureusement tout ceci est mis en cause par l'évolution de la société et le développement des moyens de communication. Il suffit de regarder autour de soi, pour constater que les enfants jouent sur leurs consoles et ont les yeux rivés sur la télévision. Tout ceci sonne le glas de la lecture, des jeux de société où s'exercent compréhension, intuition, logique, observation. La mémoire n'est plus sollicitée et l'écran devient ainsi le centre d'intérêt unique.

Il existe bien entendu de nombreux jeux et d’activités informatiques qui stimulent l’intellect des enfants. Mais quels sont les jeux, les activités qu’ils choisissent ? Ceux et celles où il n’y a pas grand-chose à comprendre ou alors ceux et celles où on avance en tâtonnant, en recommençant sans cesse jusqu’à ce que, soit par hasard, soit par élimination, soit grâce à une intuition qui éclaire, on trouve la solution.

Enfin, Internet, dont on pourrait penser que c’est un accès formidable à la culture y compris pour les enfants réclame une surveillance de tous les instants.Il existe bien entendu de nombreux sites permettant d'accéder au savoir ou à la connaissance. Cependant les autres possibilités parfois très dangereuses pour l'équilibre même de l'adolescent sont nombreuses.

Ce manque de vigilance des parents dont beaucoup ne s'intéressent pas aux résultats de leurs enfants à l'école, où alors en remettant en cause de manière systématique l'action des enseignants, dénote une forme de démission, """touche pas à mon enfant""", même s'il est probable que les rythmes scolaires sont à revoir. Après tout, les parents font pareil avec la téléréalité, les séries violentes, les matchs de foot.

Mais on ne m’ôtera pas de l’idée que l’envie de savoir, de se cultiver, de se développer implique une éducation initiée par les parents dès la petite enfance. Ne serait-ce qu’une éducation par l’exemple, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Et comme un jour, les enfants en échec seront parents à leur tour, on est dans une spirale de l’inégalité scolaire qui n’en finira pas.

Vous avez dit « présomption d'innocence »???

Le 12/08/2010

Le rôle de la presse et son souci d'informer le public n'est pas sans avoir des répercussions sur la présomption d'innocence. L'été a été très riche en scandales politico judiciaires, réels ou supposés très largement médiatisés. Si le droit à l'information est une règle absolue, il convient cependant d'éviter que les journalistes ne deviennent des « procureurs » médiatiques. La diffusion d'informations alors que l'enquête est en cours est très dangereuse avec un risque d'interférer dans la recherche de la vérité, mais peut également de provoquer des dégâts humains parfois irréversibles.

Nul ne saurait contester que la présomption d'innocence est avant tout une règle de procédure pénale. Il s'agit à la fois d'un principe fondamental à valeur constitutionnelle et d'un engagement reposant sur des conventions internationales. La « présomption d’innocence » fait partie intégrante de notre droit pénal et ses serviteurs sont les magistrats mais également l’ensemble des personnes concourantes à la procédure pénale (enquêteurs, avocats …).

Toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie » : ce principe fondamental semble si essentiellement lié aux exigences les plus élémentaires de la justice que son respect absolu devrait être une évidence. Comme il est pourtant bafoué chaque jour de façon massive, et dans l'indifférence quasi générale, on doit bien finir par s'interroger sur les raisons pour lesquelles ce principe ne peut être appliqué.

La liberté de la presse et la présomption d'innocence sont constamment opposées car elles représentent deux principes essentiels dans une démocratie. Cependant, il importe que les journalistes respectent les règles de déontologie lorsqu'intervient une affaire judiciaire ou qu'il faut en révéler une en débusquant un scandale dissimulé.

Commençons par distinguer deux types d'atteinte à la présomption d'innocence : celles qui proviennent de la presse, dont on fait grand cas, et celles qui proviennent... de notre système judiciaire lui-même. Les premières tournent, pour l'essentiel, autour du fameux et insoluble problème du « secret de l'instruction ». Insoluble, car si, au terme de la loi, les membres de la police judiciaire, les magistrats, les greffiers, les interprètes et les experts sont rigoureusement astreints au silence, les victimes, les personnes mises en examen, les témoins, les journalistes et pour une large part les avocats n'y sont pas soumis ! Inutile, donc, d'affecter la surprise quand le fameux secret devient celui de Polichinelle ! Sans doute faut-il chercher, à protéger la présomption d'innocence contre ses atteintes médiatiques.

Très souvent les médias « condamnent » telle ou telle personne bien avant la justice. Toujours de manière habillée, en se gardant d’être trop affirmatifs, en utilisant des phrases négatives ou interrogatives pour insinuer tout en restant dans le cadre de l’honnête enquête journalistique pour l’information de tous.

Des histoires de ce type, on en lit quasiment tous les jours. Des traces indélébiles laissées par quelques articles se voulant documentaires, qui créeront une réputation que même un blanchiment en justice ne réparera pas. Il existe suffisamment d'exemples récents, mais que je me garderai bien de citer, ne voulant pas entrer dans ce jeu dangereux d'insinuations.

Chacun a droit au respect de la présomption d'innocence. Lorsqu'une personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme étant coupable alors que l'enquête est en cours, le juge peut ordonner l'insertion d'une rectification ou la diffusion d'un communiqué afin de faire cesser l'atteinte à la présomption d'innocence,

La prise en compte de la présomption d’innocence par les journalistes est une conséquence de l’obligation générale de prudence, de « respecter les faits ». Une accusation non fondée ou des propos qui concluraient à une condamnation prématurée peuvent en effet constituer une atteinte à l’honneur ou à la vie privée. les journalistes ne peuvent donc ignorer la présomption d’innocence ce qui devrait avoir pour principale conséquence d’imposer un traitement très rigoureux des informations et une prudence redoublée dans les analyses et commentaires.

Au sens strict, aucune législation n’impose à la presse de respecter la « présomption d’innocence ». Lorsque les journalistes divulguent des informations relatives à une procédure judiciaire, ils doivent prendre en compte la notion du secret de l'instruction et ne pas interférer dans les enquêtes de police et veiller au respect de la vie privée et familiale des personnes concernées. 

La crédibilité d’un journal repose sur sa capacité à diffuser une information avérée et précise. Aussi la publication d’une information vérifiée est la garantie du sérieux, de la rigueur et de la bonne foi du journal. Il s'agit de tout mettre en œuvre pour ne pas nourrir et amplifier une rumeur même si d’autres supports de communication s’en sont déjà fait l’écho.

Le battage médiatique de cet été sur des événement touchant des personnalités politiques illustre bien la difficulté d'observer une certaine neutralité dans la diffusion des informations. Cette déstatibilisation d'un homme politique, par ailleurs en charge d'une réforme importante, illustre bien le fait que cette affaire dont on ne connaît toujours pas le début de la vérité était aussi une aubaine. Elle permettait de mettre en difficulté un ministre et à travers lui les plus hautes autorités de l'état. Bien entendu, si des fautes ont été commises, elles doivent être sanctionnées, mais il appartient à l'enquête de le démontrer et non à une certaine presse dont la principale préoccupation est la recherche du scoop et ainsi d'en retirer certains profits. On peut quand même déplorer que ces mêmes titres n'accordent pas la même importance au non-lieu, à la relaxe ou à l'acquittement prononcé en faveur de ces personnes. Or, malgré la présomption d'innoncence à laquelle il est théoriquement impossible de porter atteinte en vertu de textes récents, on constate que toute mise en cause médiatique s'accompagne d'une irréversible présomption de culpabilité dans l'esprit des lecteurs. Dès lors, il ne serait sans doute pas concevable d'adopter un système, similaire à celui du droit de réponse, qui contraindrait les organes de presse ayant fait état d'une mise en cause pénale à faire également état dans les mêmes conditions de la décision de relaxe, d'acquittement ou de non lieu.

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