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Les retraites - Instrumentalisation d'un mouvement

Par Le 19/10/2010

Depuis plusieurs semaines, les mouvements sociaux se succèdent pour protester contre le projet de loi portant sur la réforme des retraites. Les syndicats sont dans leur rôle de protestation, même si tout le monde s'accorde à dire qu'une réforme est nécessaire. Il s'agit plutôt de remettre en cause la méthode et de contester l'allongement de la durée de cotisation.

 Si jusqu'à ces derniers jours le mouvement protestataire se limitait à organiser des manifestations importantes avec quelques grèves ponctuelles touchant essentiellement certaines entreprises publiques (SNCF, RATP ...), le conflit semble prendre une autre tournure avec une montée en puissance dont l'objectif annoncé est la paralysie de l'économie du pays.

 Je me garderai de juger le mouvement, je ne dispose pas des éléments nécessaires pour donner un avis en toute impartialité sur la réforme en cours, qu'il s'agisse des modalités, du financement, des critères de pénibilité etc.

 Comme tout le monde, je lis, j'écoute les informations et les prises de position des politiques de gauche ou de droite. Ce que je constate, c'est que tout le monde est d'accord sur la nécessité de réformer le système des retraites, mais pas sur la méthode. Les vieux clivages « faire payer les riches » est plus que jamais d'actualité. Si effectivement il paraît normal que les « riches » payent plus, il me semble également normal que tout un chacun participe à la sauvegarde du système par répartition avec bien entendu des aménagements nécessaires.

 L'abaissement de l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans a été décidée par ordonnance du gouvernement MAUROY en 1982, entrée en vigueur le 1er avril 1983. Déjà à cette époque, des voix se sont élevées pour s'inquiéter des conditions de mise en œuvre de cette réforme. Loin d'être accueillie comme la "grande avancée sociale" promise, l'ordonnance sur la retraite à 60 ans semait une forme de panique chez beaucoup de ceux qui devaient en être les premiers bénéficiaires. Le projet était souvent considéré par les intéressés comme une menace sur leur portefeuille.

Les syndicats, même s'ils l'avaient réclamée dans les années 1970 se méfiaient, certains n'hésitant pas à mêler leurs critiques à celles du patronat. Les analystes écrivaient en 1982 que « « « Les régimes de retraite traverseront une première zone de turbulences à partir de 1985 avec l'arrivée à l'âge de la retraite... des bébés nés dans les "années folles. Mais c'est seulement vers 2010 qu'apparaîtront les véritables difficultés.. » » »

Nous y voici donc.

 On peut penser que la crise actuelle entraîne inévitablement une nouvelle détérioration du rapport actifs-retraités. En effet, le système français de retraite par répartition, les travailleurs en activité paient les pensions de leurs aînés, est confronté à des déficits qui menacent sa pérennité. Cette situation résulte principalement du vieillissement démographique. Il y a aujourd’hui plus de retraités, et qui vivent plus longtemps : 1,8 cotisant pour 1 retraité en 2006 contre 1,5 en 2020. Entre 1982 (date de l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans) et aujourd’hui, l’espérance de vie a progressé de 6,3 ans en France. Elle a augmenté de 15 ans depuis 1950. Elle devrait continuer de progresser au cours des années à venir.

 Que penser alors quand une responsable politique, interrogée le 12 octobre 2010 par un média national tient les propos suivants parlant des jeunes : « « «  Les jeunes sont responsables et savent pourquoi ils descendent dans la rue. Je leur demande d'ailleurs de descendre dans la rue, mais de façon très pacifique » » », poursuivait-elle, avant de préciser, quelques instants plus tard, alors que la journaliste lui demandait explicitement si elle appelait les jeunes à manifester : « « « C'est à eux d'en décider. J'ai dit que s'ils redescendaient dans la rue, il fallait qu'ils le fassent très calmement, parce que le pouvoir, sinon, va exploiter le moindre incident pour discréditer ce mouvement. » » » .

Que penser aujourd'hui de ces jeunes lycéens qui descendent dans la rue pour manifester contre la réforme des retraites alors qu'ils ont encore leur avenir à construire. Je ne pense pas qu'ils aient leur place dans ce mouvement social, si ce n'est pour grossir les rangs des manifestants. La pauvreté des commentaires de certains « interviewés », ravis de se montrer à la télévision et surtout de sécher les cours, se suffit à elle-même. Certains sont incapables d'expliquer les raisons pour lesquelles ils participent à ce mouvement!!!

L'Union Nationale Lycéenne, la Voix Lycéenne, justifie le mouvement de la manière suivante :

« « « Cette réforme les mettra encore plus en situation de précarité, en renforçant le chômage des jeunes.

Nous ne voulons pas que, dans l’unique volonté de satisfaire les agences de notation mondiales, le gouvernement nous impose de travailler de trente à soixante-sept ans, avec des périodes de chômage et dans des conditions chaque jour un peu plus difficiles.

Face au problème de financement du système de retraite par répartition, les lycéens demandent au gouvernement de repenser entièrement sa réforme :

  • en assurant à tous une retraite à soixante ans à taux plein.

  • en mettant en œuvre une politique d’emploi massive, notamment
    d’emploi publique.

  • en prenant en compte dans calcule des annuités les périodes de
    formation, de stage, d’innactivité  
    (inactivité aurait été préférable) forcée et de chômage. » » »

Si j'en crois ce mot d'ordre, avant 30 ans, que fait on ??? De 30 ans à 67 ans c'est donc 37 années de cotisation donc moins qu'actuellement. Ceux qui ont commencé à travailler à l'âge de 16 ans avec une retraite à 60 ans c'est donc 44 ans de cotisation si je compte bien!!! Que dire de ceux qui ont travaillé pendant tout ce temps dans des métiers difficiles du bâtiment et autres emplois où les conséquences physiques sont très souvent irréversibles??

Je poserais seulement une question : Si la réforme n'aboutit pas, sont ils prêts à une augmentation importante des cotisations pour maintenir la pérennité du système par répartition ou la réforme en cours, même peut être contestable, n'est elle pas destinée à préparer l'avenir et à ne pas leur faire payer la dette déjà abyssale ???

Plutôt que d'opposer deux générations il serait sans doute nécessaire de consentir un effort de pédagogie. Même si les lycéens sont inquiets pour leur avenir, ils doivent se focaliser sur leurs études et ainsi mettre tous les atouts de leur côté. A mon sens ils n'ont rien à faire dans ce conflit qu'ils dénaturent et ceux et celles qui les ont encouragés à descendre dans la rue ont fait la preuve d'une grande inconséquence et d'une très grande irresponsabilité. Ce qui est à craindre aujourd'hui, c'est un changement de nature du conflit qui dégénère avec son cortège de dégradations. Les affrontements entre les forces de l'ordre et quelques casseurs, qui profitent ainsi de l'aubaine pour commettre des exactions graves, démontrent ce changement de nature.

Cette situation est très préjudiciable y compris pour les lycéens qui sont instrumentalisés par quelques nostalgiques extrémistes. Les politiques de toute tendance, les organisations syndicales devraient prendre leurs responsabilités en condamnant ces comportements et en appelant les jeunes à retourner en classe où ils ont certainement mieux à faire quand on connaît aujourd'hui la pauvreté de leur niveau de formation.