quartiers sensibles

Terrorisme :Quels risques pour demain

Par Le 28/07/2014

LE TERRORISME QUELS RISQUES POUR DEMAIN ?

 

Le terrorisme sous toutes ses formes constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationale. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, plus aucun conflit dit « conventionnel » n’a touché l’Europe de l’Ouest. Cette paix est la principale réussite de la construction Européenne mais la situation actuelle dans l’Europe de l’Est avec la montée des nationalismes peut à tout moment remettre en cause ce fragile équilibre.

Il y a quelques mois je faisais part de mon inquiétude sur la situation au Proche et au Moyen Orient avec la chute de despotes certes condamnables et parfois condamnés ou éliminés. Le vide politique a fait le lit des groupes terroristes, parfois très structurés qui y ont trouvé un nouveau terrain de « jeu » si j’ose dire.

 Le peu d’empressement des Européens et des Américains à aider des opposants au régime Syrien est peut être le signal de cette prise de conscience des risques encourus en cas de vacance du pouvoir même autocrate.

 Je ne reviendrai pas sur les origines du terrorisme ni sur les différents attentats au cours de ces dernières années. De même la philosophie du terrorisme a été développée dans de nombreux ouvrages et au risque de répéter ce qui a déjà été dit il me semble préférable d’aborder ce qui pourrait devenir une forme de gangrène avec ce nouveau phénomène de  départ en nombre de jeunes qui au nom d’un Islamisme radical partent faire le Jihad dans les pays fragilisés et secoués par des violences visant à faire tomber le pouvoir en place.

 Mais avant d’aller plus loin dans mon propos, je voudrais dès à présent affirmer qu’il ne s’agit pas de stigmatiser une population ou une religion. En effet tous les musulmans ne sont pas des terroristes mais souffrent de l’image donnée par une poignée d’intégristes qui recrutent des jeunes qui n’ont plus aucun repère.  Très souvent d’ailleurs les plus dangereux sont les jeunes convertis qui doivent faire leurs preuves et ainsi gagner le « Paradis d’Allah » pour lequel certains se transforment volontairement en barbares cruels et sanguinaires, en fanatiques "fous de Dieu", en bombes humaines dans le but de tuer au hasard, avec le sourire, avec la satisfaction du "devoir accompli," des civils, des enfants, des femmes, des vieillards, tous innocents.

 Ces jeunes français qui partent aujourd’hui principalement en Syrie se sont auto-radicalisés ou ont subi une forme de lavage de cerveau par les recruteurs « Salafiste ». Les réseaux sociaux constituent également un moyen d’atteindre un très grand nombre de ces jeunes avec un système d’endoctrinement de plus en plus puissant. Ils intègrent des groupes de combattants ou sont dévolus à des tâches subalternes : interprètes lors d’enlèvements de français, approvisionnement logistique ou fossoyeurs pour faire disparaître les corps suppliciés.

 Il y a quelques semaines un reportage diffusé par une chaîne de télévision française montrait des jeunes français rigolards et fiers de se montrer conduisant un véhicule auquel étaient attachés plusieurs cadavres destinés à être enterrés au milieu d’un champ. Les images de ces corps étaient « floutés » pour ne pas choquer le téléspectateur, en effet comble de l’horreur les cadavres avaient été décapités.

 Ces jeunes jihadistes, confrontés à chaque instant à cette mort violente, aux actes de torture et de barbarie perdent toute notion de la valeur de la vie humaine. Tuer un homme est comparable à écraser une mouche ou un moucheron ! Certains penseront sans doute que j’exagère mais j’ai la conviction que c’est la triste réalité.

 Plusieurs de ces jeunes mourront au combat mais penseront avoir gagné le « Paradis d’Allah ». D’autres reviendront et deviendront des références pour d’autres jeunes. Leur réintégration dans une vie normale posera d’énormes difficultés et certains pourraient très rapidement devenir de véritables chefs de bande ou des vecteurs de violences, enlèvements, meurtres, attentats contre des personnes et des biens. Il s’agira pour certains de rechercher le sensationnel, d’être à la « Une » des médias nationaux ou internationaux. Les chaînes d’information en continue constituent à cet égard une formidable caisse de résonnance pour ces individus totalement désocialisés à la recherche du sensationnel et prêts à mourir pour une cause qu’ils croient juste.

Le prochain défi sera la prise en compte de ces jeunes dès leur retour. En effet les services de renseignement craignent que certains apprentis djihadistes ne commettent des actes terroristes en France. Ces jeunes à leur retour sont la plupart du temps plus dangereux que lorsqu'ils sont partis. La plupart de ces jeunes sont «endoctrinés» et «victimes de la propagande». Le récent projet d’attentat fomenté par un djihadiste présumé de retour de Syrie est une première alerte. Pour encadrer et appréhender leur retour, les spécialistes proposent diverses solutions: notamment la mise en place de groupes de réflexion animés par des imams et des psychologues pour qu'ils reprennent pied dans le monde réel et éviter qu'ils fassent l'amalgame entre l'islam et le djihadisme. Il s'agit alors de ne pas les assigner à un simple rôle de terroriste mais de les responsabiliser en leur faisant prendre conscience des conséquences que leur action aurait pu provoquer dans la vraie vie.

C’est un chantier difficile qui s’ouvre aux autorités et toute forme d’angélisme serait mortifère. La situation géopolitique actuelle, la montée de l’intégrisme avec ces groupes terroristes internationaux sont des dangers réels à prendre en compte sous peine de connaître des lendemains difficiles aux conséquences incalculables. La notion d’intégration, du vivre ensemble de l’acceptation de chacun sans tenir compte de sa race, de ses origines, de sa religion est aujourd’hui une nécessité absolue mais dans le respect de tous en montrant la plus grande fermeté à l’encontre des fauteurs de troubles.

Economie Souterraine - Economie Parallèle

Par Le 02/04/2010

Régulièrement, les quartiers appelés sensibles connaissent des soubresauts avec des débordements de plus en plus graves tant sur les plans humain que matériel. Ces quartiers, très souvent en déshérence sont livrés à quelques bandes de désœuvrés qui y font régner la terreur, dictant leur propres règles et défiant le pouvoir. Les forces de l'ordre, les pompiers, les médecins, les moyens de transport sont régulièrement la cible de ces individus qui défendent un territoire qui ne leur appartient pas.

Les différents politiques de réhabilitation avec les gouffres financiers qui ont suivi n'ont apporté aucune solution, sauf à dépenser des sommes très importantes pour un résultat quasi nul. L'état providence ne peut acheter la tranquillité et ce calme précaire de façade, peut très rapidement dégénérer au gré des humeurs des petits caïds qui en fait font régner cette anarchie, tenant très souvent un double langage en clamant haut et fort l'impossibilité de s'intégrer dans notre société tout en prônant le communautarisme.

Ce rejet de la société et cette forme de ghettoïsation, assumée et défendue par ces individus est particulièrement favorable au développement des circuits d'économie souterraine avec les trafics de stupéfiants, les trafics d'armes, le grand banditisme. Sur le plan local, le trafic de stupéfiants constitue le principal vecteur de cette économie même s'il ne faut pas négliger les autres formes de délinquance.

Les observations effectuées sur l’économie souterraine et la place centrale des trafics de stupéfiants font apparaître trois enseignements principaux :

Le premier enseignement concerne les conditions de l’émergence d’une économie parallèle générée par le trafic de drogue en milieu urbain. Il ne fait aucun doute qu'il existe une forte corrélation entre l’implantation durable de trafics illicites et les processus de marginalisation et d’exclusion sociales. Il s'agit d'un phénomène qui évolue dans un contexte de vulnérabilité liée au chômage. La revente de drogues (cannabis cocaïne et héroïne essentiellement) apparaît comme une alternative.

Elle s’appuie sur la force des liens et des solidarités de quartier qui se développent selon des logiques communautaires. Il s'agit de faire face à la misère sociale, mais également aux effets de la déshumanisation. Autrement dit, « dealer », c’est autofinancer sa consommation, et vivre au jour le jour; mais c’est aussi exister socialement et forcer le respect.

Le second enseignement concerne la diversification des formes de trafic selon les produits, les spécificités locales, les divers acteurs en jeu. La catégorie du trafic local, pour s’en tenir là, est loin d’être homogène. On observe un phénomène de spécialisation des marchés du cannabis d’un côté, de l’héroïne et de la cocaïne de l’autre. Ils s’inscrivent dans des filières de trafic, des modes de distribution, une division du travail, des rapports d’échange avec des clients spécifiques. Si la revente de cannabis est une ressource pour de jeunes habitants des cités, le trafic d’héroïne est plus professionnel et cloisonné, plus risqué aussi, tant au plan répressif que sanitaire et humain.

En fait il existe plusieurs niveaux dans ce marché:

  • Le «dépanneur» (qui revend quelques barrettes à l’occasion pour se faire son «billet»),

  • Le «commerçant indépendant» (isolé, qui revend à ses copains, au lycée, discrètement),

  • Le « réseau structuré » qui répond au flux constant d’usagers à partir d’une équipe soumise à une stricte division du travail et qui assure la circulation des marchandises, des hommes et de l’argent à une vaste échelle.

Le troisième enseignement fait apparaître que les trajectoires sont très diversifiées. En effet, si la figure du «dealer» s’est instituée comme modèle de réussite dans les quartiers et bien au-delà, elle est loin d’être la norme. La situation socio-économique favorise l'émergence des petits trafiquants dont la position est très fragile face notamment aux «caïds», ou à des «équipes» qui se ramifient à des échelles territoriales dépassant largement l’espace résidentiel. C’est à ces niveaux que se font les trafics d’envergure et que s’acquièrent bénéfices et réputations.

Les profits engendrés par ces trafics sont très souvent injectés dans l'économie par le biais de l'immobilier (SCI), commerces ou restaurants, donnant une image de réussite sociale . Elle entraîne de la part du trafiquant un changement de comportement vers une activité plus traditionnelle, se retirant ainsi des « affaires ». Cette vision de réussite sociale est particulièrement néfaste dans la population locale.

Les moyens d'investigation et de lutte nécessaires au démantèlement de ces réseaux, qui minent les circuits économiques légaux, relèvent de plusieurs administrations différentes mais complémentaires. La principale difficulté est de coordonner les énergies afin de pourvoir mener une action efficace.

L'enquête judiciaire est souvent à l'origine de l'ouverture d'un « dossier » et permet avec le plus d'efficacité d'atteindre les buts assignés dans la mesure où elle autorise la mise en oeuvre des cadres juridiques parfois plus coercitifs.

Les interpellations récentes effectuées à TREMBLAYE EN FRANCE avec la saisie de plus de neuf cent mille euros est un cas d'école sur l'existence de cette économie souterraine dans certains quartiers véritablement aux mains de ces malfrats. L'incendie de deux bus et les vives tensions qui règnent dans certains quartiers de cette ville montrent le refus de l'autorité et constitue une réaction violente à l'intervention de la police. Le paradoxe est la mise en cause d'un reportage télévisé sur le trafic de drogue dans cette ville alors que les trafiquants semblaient collaborer activement avec les journalistes, trouvant ainsi un moyen d'exprimer publiquement leur rejet de la société, leur marginalisation, situations dans lesquelles ils se complaisent, trouvant ainsi une tribune pour en quelque sorte se mettre en avant et montrer leur mainmise sur ces quartiers.

La paix sociale ne s'achète pas, les errances de ces trente dernières années dans la mise en œuvre de la politique de la ville sont un échec cuisant et sans vouloir mettre de l'huile sur le feu ni être particulièrement alarmiste, les banlieues d'aujourd'hui sont de véritables poudrières et peut être le principal souci pour demain.