dopage

Sportif de haut niveau ou progrès scientifiques

Par Le 16/04/2010

Le sport de haut niveau est il encore du sport ou une affaire mercantile où règne l'argent et la recherche du profit, le sportif devenant ainsi un otage des requins qui gravitent autour.

Pour illustrer mon propos je m'appuierai sur le cyclisme, où les scandales se sont succédés ces dernières années, mais je ne pense pas qu'il s'agisse du seul sport où la tricherie, car il faut bien l'appeler ainsi, est en quelque sorte une institution, malgré les efforts entrepris pour la combattre.

La passion du vélo m'est venue de mes parents et plus particulièrement de mon père, qui pour rien au monde n'aurait manqué la retransmission d'une étape. Je me souviens encore du temps où le poste de radio devenait l'attention de tous les instants. Avant l'arrivée de la télévision, le tour de France était commenté en direct par des reporters qui nous faisaient vibrer aux exploits de ces « géants » de la route. L'arrivée de la télévision et la retransmission en direct des étapes, a largement contribué à l'engouement populaire, le Tour de France devenant l'endroit où il fallait se montrer. Les sponsors sont venus progressivement avec des moyens considérables financer des équipes avec bien entendu une attente importante d'un retour sur investissement. La culture du résultat était née, il fallait « montrer le maillot », gagner et donner une image positive de l'investisseur.

Progressivement, les coureurs sont devenus des supports publicitaires, il n'est que de regarder aujourd'hui les maillots ou chaque centimètre carré est sponsorisé. Tout ceci impose une obligation du résultat d'autant que l'avenir ou la pérennité de l'équipe en dépend. La notoriété d'une équipe, influe sur la décision des organisateurs quant à la participation à des épreuves à la renommée mondiale, bénéficiant d'une très importante couverture médiatique, en particulier télévisuelle.

Les moyens financiers engagés dans une équipe cycliste doivent être rentabilisés. Il s'agit de donner une image « de gagnant » de l'entreprise au travers du sport. Cette couverture publicitaire est donc une aubaine pour se faire connaître. Malheureusement, cette vision idyllique à une partie très noire et certains sportifs, encouragés plus ou moins ouvertement par leur entourage, utilisent alors des moyens illégaux pour améliorer les performances, ce qui n'est pas sans risque pour leur santé.

Le premier drame que j'ai en mémoire est la mort de Tom Simpson le 13 juillet 1967 sur les pentes du Mont Ventoux. Même si à cette époque, les sponsors étaient sans doute moins actifs que de nos jours, le résultat, la notoriété et le profit personnel donnait déjà lieu à des comportements pour le moins condamnables. Pour ma part, c'est à cette époque que j'ai entendu parler pour la première fois du « dopage », mais comme la plupart d'entre nous, je pensais que c'était un acte isolé, une exception en quelque sorte. Très naïvement, j'imaginais que seules les qualités sportives intrinsèques entraient en ligne de compte et que cétait le « meilleur » qui gagnait.

Je restais donc fidèle, à mon poste de radio, puis à la télévision pour vivre en direct les exploits de ces sportifs qui nous faisaient tant rêver et auxquels on s'identifiait.

L'été 1998, fut un véritable cauchemar avec la mise en cause d'une équipe cycliste, au sein de laquelle le dopage était institutionnalisé et médicalisé sous la houlette du directeur sportif. Cette équipe, essentiellement française, trustait les victoires grâce en grande partie à cette tricherie, certains coureurs adoptant un comportement mélo dramatiques devant les caméras, jurant les grands dieux qu'ils n'avaient jamais utilisés de produits interdits, ou alors à « l'insu de leur plein gré ». On se serait cru dans une cour d'école, avec des enfants pris sur le fait et niant l'évidence.

Cette affaire, qui failli tout de même mettre en cause l'existence même de cette prestigieuse épreuve eut un retentissement médiatique sans précédent dans le monde sportif. D'autres équipes furent mises en cause et certains coureurs de renommée mondiale trouvèrent le moyen de s'offusquer des contrôles réalisés et de cette mise en cause.

Depuis cet événement majeur pour le sport cycliste, les moyens de lutte se sont progressivement développés, mais quelque part son image s'est considérablement ternie et il est difficile aujourd'hui de vibrer tant certains exploits semblent dépasser largement les limites normales des capacités humaines. Pour ma part le ressort est cassé et je ne pense pas changer d'avis de si tôt. Parfois je regarde avec étonnement l'éclosion d'un champion, jusque là coureur moyen, au service d'un leader, qui devient brusquement un champion capable de tous les exploits... Comprenne qui voudra ou qui pourra !!!

Des scandales ponctuels émaillent encore la vie de ce sport où on constate une course effrénée entre les tricheurs à la recherche des moyens pour contourner la réglementation, aidés en cela par des « docteurs mabuses » et les instances de lutte qui semblent avoir toujours une longueur de retard, même si des progrès considérables ont été accomplis. De même, les dirigeants du cyclisme international ne semblent pas non plus être particulièrement pressés d'y mettre les moyens nécessaires.

Le dopage ne se limite bien entendu pas au cyclisme. L'histoire est riche en scandales qui ont concerné tous les sports. Mais la prise de substances variées, dans le but d'accroître les performances est également une pratique de plus en plus courante dans le milieu étudiant ou professionnel. On parle alors de « conduite dopante ».

Outre les comportements individuels, le sport collectif est également concerné par cette conduite condamnable. Il n'est que de se rappeler le scandale qui a éclaboussé le football italien où évoluaient d'ailleurs nos meilleurs joueurs, dont certains champions du monde...

Enfin, du temps de la guerre froide, le sport était aussi un moyen de propagande, de montrer sa suprématie. A cette époque, certains pays du bloc de l'Est n'hésitent pas à mettre au point un vaste programme de dopage de ses sportifs. Les injections de testostérone et d'anabolisants sont alors une pratique courante, voire systématique, y compris chez des enfants.

Les États Unis, ne sont bien entendu pas en reste et ont également utilisé ces méthodes à tel point que le Comité olympique américain a reconnu que depuis les années 80, 24 athlètes ont gagné des médailles olympiques après un contrôle positif laissé sans suite.

Je pourrais continuer ainsi cette litanie évocatice, mais il faut bien faire la part des choses et laisser un peu de place au mystère.

Cette gloire éphémère, acquise grâce à l'utilisation de moyens illégaux n'est certainement pas sans contrepartie. Certains sportifs devenus très rapidement des sortes de surhommes ont très vite disparu de la scène, soit parce qu'ils ont pris conscience de leur comportement à risque, soit parce qu'ils n'avaient malgré tout pas les moyens physiques pour continuer dans cette voie.

En effet le dopage, met en danger la santé du dopé. Plusieurs coureurs cyclistes qui ont avoué avoir pris de l'EPO, ont raconté que leur soigneur les réveillait la nuit pour leur faire faire de l'exercice. L'objectif est d'éviter un arrêt cardiaque à cause d'un effet secondaire du produit dopant. En effet, l'amélioration de l'oxygénation des muscles s'obtient grâce à une augmentation du nombre des globules rouges, ce qui épaissit le sang. Quand le cœur, au repos, ralentit, le sang devient de moins en moins fluide, avec le risque de s'arrêter de battre.

Pour prolonger la réflexion, il serait peut être intéressant de mener une étude sur le décès prématuré de certains anciens coureurs atteints de maladies incurables afin de déterminer s'il n'y a pas une relation de cause à effet avec la prise de ces produits.

A ce jour il n’existe pas d’études sur le long terme qui permettraient d’établir formellement une relation précise entre le recours à une forme de dopage et des pathologies spécifiques. En revanche, il existe des cas avérés où l’on peut constater les méfaits du dopage sur la santé des sportifs Cependant on peut affirmer que la prise de produits dopants peut avoir des conséquences d’une extrême gravité sur le plan de la santé. Les éléments utilisés pour le dopage sont à l’origine des médicaments ou des procédés dont la vocation est de guérir des malades. Or, ils sont détournés de cette vocation première et administrés à des personnes saines, en vue d’augmenter leurs capacités physiques. Tout ceci présente donc un risque majeur sur le plan humain dont le principal concerné n'a certainement pas conscience. Alors la politique de l'autruche n'a que trop durée et cette course folle pour améliorer de manière artificielle les performances ne doit plus trouver aucun écho auprès des jeunes sportifs qui doivent être encouragés à adopter une comportement exemplaire.