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Commémorations - Devoir de mémoire

Par Le 11/06/2010

Nous vivons aujourd'hui dans un pays en paix, les armes se sont tues depuis 65 ans. Le souvenir de la faim qui tenaille le ventre, des soldats et des civils qui meurent à la guerre et l'occupation Allemande ne sont plus présents que dans l'esprit de nos parents et grands-parents. Nous profitons chaque jour des bienfaits de la Liberté : Nous pensons, parlons, nous nous déplaçons à notre guise. Nous sommes libres de nos choix, cela est le plus important, les durs souvenirs du temps passé n'ont jamais fait partie de notre vie, nous sommes nés libres et n'avons jamais connu autre chose que la paix .

Pourtant, tout dans notre vie de tous les jours nous rappelle à l'histoire. En effet si des gens d'une autre époque n'avaient sacrifié leur vie, il est très probable que notre liberté d'aller et de venir, mais également notre liberté de pensée ne seraient pas ce qu'elles sont aujourd'hui. Perpétuer le souvenir des ces témoins de l'histoire, c'est en fait leur rendre hommage, les remercier de leur héritage. Le devoir de mémoire, c'est faire en sorte que toutes ces souffrances n'aient pas été acceptées pour rien.

Ce devoir de mémoire doit bien évidemment concerner tous les conflits majeurs qui ont vu s'affronter un grand nombre de pays de par le monde, occasionnant également des désastres exceptionnels, tant humains que matériels. Ce devoir doit concerner également les autres conflits plus contemporains, qu'il s'agisse de la guerre d'Indochine, dont on parle très peu, et de la guerre d'Algérie.

Aujourd’hui, le devoir de mémoire figure comme une des grandes évidences du discours sur le passé. A de multiples reprises, nous avons entendu cette injonction qui obligeait les communautés, les sociétés, les individus et les Etats à se pencher sur leur passé, pour commémorer certains événements essentiels. Il s'agit en quelque sorte de la dette des vivants à l’égard des morts. On a parfois l'impression que le "devoir de mémoire" sonne comme une injonction morale faite par une génération d'adultes qui n'a pas elle-même résolu tous les problèmes de sa propre mémoire.

La mémoire est pour l’individu une manière de conserver de manière vivace les souvenirs avec une transmission vers les générations futures. Il s'agit de ne pas oublier les grands événements qui ont marqué notre histoire, qu'ils soient heureux, mais aussi très souvent malheureux. La repentance est une forme de regret douloureux que l’on a de ses péchés, de ses fautes, qui se mèle au désir de se racheter. Après la politique de l’aveu, le devoir de mémoire est une stratégie de réconciliation ou de séparation. Cette mémoire participe à la formation d’esprits éclairés et de citoyens responsables, tolérants et ouverts à autrui.

Au cours de ces deux dernières décennies, les responsables politiques ont contribué à cette notion de devoir de mémoire en reconnaissant implicitement la responsabilité de l'Etat dans la gestion de certains événements et conflits.

  • En 1993, le Président François Mitterrand décrète une journée nationale de commémoration des persécutions racistes et antisémites;

  • En 1995, le Président Jacques Chirac reconnaît officiellement la responsabilité, donc la culpabilité de la France de Pétain, c’est à dire de l’Etat, dans la politique antisémite qui est allée au-delà des souhaits des autorités allemandes d’occupation.

  • En ce qui concerne le génocide des arméniens par les Turcs, la loi de 2006 sur l’interdiction du négationnisme fournit une autre illustration de l’intervention de l’Etat français dans le respect d’une mémoire tragique.

  • Dans un autre registre, le Bulletin officiel de l’Education nationale française dans sa circulaire n°2005-172 du 2 novembre 2005, indique aux recteurs, aux inspecteurs et aux directeurs départementaux que l’institution éducative accorde une place privilégiée aux réflexions sur la mémoire: à ce titre, le thème de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions s’inscrit dans la mission d’éducation, comme l’a rappelé le rapport du Comité pour la mémoire de l’esclavage remis au Premier ministre le 12 mai 2005.

Dans quelques jours, se dérouleront les cérémonines commémoratives du 60° anniversaire de l'appel du 18 juin lancé par le Général de Gaulle depuis Londres. Il s'agit à la fois de rappeler le rôle majeur joué par le Général, devenu chef de la France Libre, s'opposant ainsi au grouvenement de Vichy et condamné à mort le 2 août 1940, par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand.

Dans ses attendus, le tribunal prononce la dégradation militaire et la confiscation des biens. Il reconnaît la culpabilité, mais écarte le grief de trahison. La non-reconnaissance de la trahison est un semi-échec pour le gouvernement qui obtient malgré tout la condamnation à mort.

  • Entretien d'intelligence avec une puissance étrangère, l'Angleterre : la réponse est non ;

  • Allocutions radiodiffusées de nature à provoquer, de la part de l'Angleterre, des agissements nuisibles à la France : la réponse est oui ;

  • Provocation de militaires et de marins à passer au service de l'Angleterre : la réponse est oui ;

  • Risque provoqué contre les Français, en affirmant que les clauses de l'armistice ne seraient pas respectées : la réponse est oui ;

  • Désertion : la réponse est oui ;

  • Désertion ayant eu lieu sur un territoire en état de guerre : la réponse est oui.


 

 

Ironie de l'histoire que cet homme condamné à mort, qui deviendra le symbole de la libération de la France, puis après s'être retiré de la vie politique, sera à l'origine de la 5° République, pour en devenir le premier président. Personne aujourd'hui ne conteste le rôle majeur joué par cet homme d'état qui avait une certaine « idée » de la France et de sa place dans le concert des nations, mais également dans le rapprochement de la France et de l'Allemagne du chancelier Konrad Adenauer. Dès leur rencontre historique le 14 septembre 1958 à Colombey-les-deux-Églises, seul chef d'état étranger reçu dans la résidence privée du général, ils ne cessent d'oeuvrer en faveur du rapprochement franco-allemand. Les visites officielles en 1962 d'Adenauer à Paris et de De Gaulle à Bonn manifestent l'aboutissement de cette réconciliation.

La nouvelle polémique qui semble naître aujourd'hui sur le fait d'inscrire au programme de littérature de terminale littéraire l'ouvrage intitulé « Mémoires de Guerre » paraît bien dérisoire et montre bien que le devoir de mémoire ne fait pas toujours l'unanimité, certains y voyant en quelque sorte une forme de récupération politique alors qu'il s'agit essentiellement d'éviter l'oubli et de garder dans notre mémoire collective les événements qui ont fait notre histoire.